La période des festivals de musique a commencé ! L’occasion de découvrir en plein air ses artistes préférés tout en profitant des longues soirées d’été. Si la musique apporte de nombreux bénéfices, il faut, comme beaucoup de choses, la consommer avec modération… dans les décibels ! En effet, musicien·nes, ingénieur·es du sons, DJ et amateur·trices de festivals, concerts et boîtes de nuit soumettent parfois leurs tympans à rude épreuve. Comment se protéger durant cette période, mais aussi au quotidien, lorsqu’on est musicien·ne ou amateur·trice, et que l’on aime assister à des concerts et écouter de la musique avec un casque ou des écouteurs ? Découvrez nos conseils et toutes les informations à connaître pour continuer à profiter de la musique le plus longtemps possible.
Comme la vue, l’ouïe est un sens évoluant avec l’âge, qui s’altère au fil du temps. On parle de « vieillissement » de l’audition car celle-ci ne se régénère pas chez l’Homme. Il est donc important de la protéger afin de préserver le plus longtemps possible son capital auditif (le déclin auditif, la perte de cellules auditives, commence naturellement à partir de 25 ans). Or, de nombreux types de bruits peuvent venir endommager l’audition et accélérer son déclin : une exposition trop longue à des bruits continus (bruits environnementaux jugés supportables à petite dose, comme le trafic routier, des travaux, etc.), l’utilisation d’outils bruyants (de bricolage, par exemple), des bruits forts et soudains (coup de feu, klaxon), aussi appelés « bruits impulsionnels », qui abîment les cellules de l’oreille interne, mais aussi les concerts et l’écoute régulière de musique à un volume – souvent - trop important.
Les dégâts causés peuvent être d’importance variable, en fonction de l’intensité du bruit, de sa durée et de la fréquence d’exposition. Ils peuvent être mineurs - gêne occasionnelle, acouphènes -, ou plus importants, susceptibles de provoquer de l’irritabilité, une hyperacousie (une hypersensibilité de l’ouïe), voire, entraîner la dépression et même une perte de l’audition.
Au quotidien, quelques règles simples peuvent être observées pour prendre soin de son audition :
Le décibel (qui tire son nom du pionnier des télécoms, Alexander Graham Bell) est l’unité permettant de mesurer le son, ainsi que la perte auditive. Avec une oreille fonctionnelle, l’Homme est capable de détecter des décibels très bas : zéro ! C’est pour cela que nous pouvons entendre les bruits produits par notre propre corps. Une conversation normale se situe entre 40 et 60 dB, et on peut écouter un niveau sonore de 80 dB, le seuil sans risque, pendant 8 heures sans protection auditive. Le seuil de douleur est atteint à 120 décibels et, à ce stade, les dommages sur l’audition peuvent être irréversibles. Mais pour éviter à notre audition de souffrir, il ne faudrait pas passer plus de 15 minutes à 95 décibels, et pas plus de 4 minutes à 101 décibels (à titre d’exemple, une sirène de pompier, d’ambulance ou de police atteint le seuil de 105 décibels).
Et lors concerts, intérieurs et extérieurs, et dans les bars et discothèques, quelle limite est imposée et à quel seuil se trouve-t-on généralement ?
En Suisse, c’est l’Ordonnance relative à la loi fédérale sur la protection contre les dangers liés au rayonnement non ionisant et au son (O-LRNIS) qui réglemente la protection du public assistant à des manifestations. Elle fixe à 100 décibels la valeur limite du niveau sonore des manifestations, mais au-delà de 93 décibels par heure déjà, les organisateurs doivent déposer une demande de dérogation et remettre gratuitement des protections auditives. Ils doivent également faire en sorte que le public ait à sa disposition une zone de récupération auditive et qu’elle soit indiquée de manière clairement visible dans la zone d’entrée de la manifestation. Dans ces zones, les émissions sonores ne doivent pas dépasser le niveau de 85 dB(A) par heure. Des autorités cantonales sont chargées de réaliser des contrôles au sonomètre durant tous les concerts.
Vous l’aurez compris, la limite fixée par la loi suisse se trouve au-delà des seuils recommandés pour la santé auditive et une exposition prolongée à 100 décibels peut causer des lésions sur les tympans. Alors cet été, en festival, on adopte les bons réflexes pour éviter les acouphènes et conserver son audition.
Et les musicien·nes, qu’ils ou elles jouent chez eux/elles, ou en concert, doivent-ils/elles se protéger particulièrement et comment ? Nous le disions, le seuil sans risque est fixé à 80 dB. Entre 80 et 90 décibels, les oreilles et l’audition encourent déjà des risques auditifs (acouphènes, légères pertes auditives…). Or, un instrument acoustique joué par un·e musicien·ne peut facilement atteindre 90 décibels (une batterie se situant même autour de 100 dB, le même seuil atteint par une tronçonneuse !).
Musicien·nes et autres professionnel·les du son sont par conséquent plus à risque de souffrir d’une déficience auditive, alors même que l’ouïe est le sens le plus sollicité, leur l’outil principal. Par conséquent, il leur est recommandé de protéger leur audition au moyen de protections adaptées à la pratique musicale. Car les bouchons en mousse et casques anti-bruit proposés aux personnes assistant à des concerts ou festivals, en isolant l’utilisateur des bruits extérieurs, étouffent les sons environnants et rendent la pratique de l’instrument moins précise. Les protections auditives destinées à la pratique musicale doivent donc diminuer le volume, tout en restituant un son sans distorsion qui préserve la précision acoustique.
Plus onéreuses car fabriquées sur mesure à partir de l’empreinte du canal auditif, ces protections restent bien en place quels que soient les mouvements de la tête, et pourront même être utilisées lors de concerts ou de festivals, ou en cas d’exposition à des sons élevés de longue durée.
Afin de pouvoir continuer à apprécier la musique le plus longtemps possible, tout un chacun, mais musicien·nes et professionnel·les du son en particulier, doit veiller à protéger son audition. Pour que la période des festivals reste un moment de plaisir cet été, des gestes simples et du bon sens permettront de profiter des concerts sans compromettre sa santé auditive. Porter des bouchons d’oreille, éviter de se tenir à côté des enceintes et faire régulièrement des pauses sonores (le temps d’acheter quelque chose à boire et à grignoter par exemple) peut faire toute la différence. En cas de troubles auditifs ou d’acouphènes, n’hésitez pas à laisser vos oreilles se reposer en interrompant quelque temps l’écoute avec casque ou écouteurs, et en veillant à rester dans des environnements calmes. Toute gêne doit disparaître dans les 24 heures, autrement il est recommandé de consulter au plus vite un médecin ORL.
Références :
Audition : 3 habitudes pour protéger ses oreilles du bruit - Top Santé (topsante.com)
Capital auditif: des conseils pour protéger son audition | Malakoff Humanis
Comment protéger son audition en festival cet été ? - Top Santé (topsante.com)
Le décibel (fondationpourlaudition.org)
Protéger son audition | Fondation Pour l'Audition (fondationpourlaudition.org)
Législation sur la protection contre les nuisances sonores et les rayons laser (admin.ch)