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Monday
13
December
2021

ET SI JE COMMENÇAIS… LA FLÛTE À BEC ?

La flûte à bec, impossible de ne pas la connaître ! Un grand nombre d’entre nous associe ses tonalités enfantines et pastorales à des souvenirs d’école. Pourtant, elle est bien plus que cela ! Loin d’être réservée aux débutants, sa pratique se poursuit, comme pour n’importe quel instrument, passé l’enfance, et s’enrichit avec l’expérience. Si vous aimez les instruments à vent et vous intéressez à un répertoire varié, lisez cet article et l’entretien mené avec des professeures passionnées de l’EML, qui vous feront découvrir leur instrument.

Appelée aussi « flûte douce », « flûte d’Angleterre » ou « flûte droite », les origines de la flûte à bec remontent à la préhistoire. En raison de son lointain passé, elle bénéficie d’un répertoire abondant et varié. Elle reste encore fabriquée essentiellement en bois, possède huit trous et se décline en plusieurs tailles (plus elle est grande, plus les sons sont graves).

Si elle fut un peu délaissée durant le 19e siècle, elle prendra un nouvel essor au 20e. Sa popularisation, notamment dans les groupes de jeunesse et les salles de classe, s’explique en raison d’une production de l’instrument à des coûts plus bas permettant une large diffusion, ainsi que par ses atouts pédagogiques. Mais ce n’est que durant la deuxième moitié du 20e siècle que la flûte à bec va considérablement évoluer au niveau du jeu et de l’enseignement. Sous l’influence de musiciens de talent tel que Frans Brüggen, elle atteindra la reconnaissance sur la scène musicale.

Aujourd’hui, elle est enseignée à un niveau supérieur dans les conservatoires, mais on la retrouve aussi dans le répertoire contemporain, les musiques actuelles, voire le jazz.

Entretien avec Marie-Claire Bettens et Rachel Clerc, professeures de flûte à bec à l’EML

Quelles sont les spécificités de la flûte à bec ?

Marie-Claire Bettens : La flûte à bec fait partie des instruments à vent. On peut assez rapidement en jouer à plusieurs.

Rachel Clerc : Je citerais comme spécificité, la variété qu’elle propose, alors même que c’est un instrument tout simple. La position que l’on prend pour la tenir est aussi très ergonomique, et pour les enfants, on commence par une flûte qui est petite et, du coup, légère.

A quel âge peut-on commencer à en jouer ?

Rachel Clerc : D’après moi, on peut commencer dès l’âge de 6 ou 7 ans, avec la flûte soprano qui est tout à fait adaptée aux petites mains.

Marie-Claire Bettens : C’est un instrument qui demande pas mal de coordination. Six ans est un bon âge, car l’enfant commence à avoir une motricité plus fine, nécessaire pour en jouer. En effet, il faut être capable de couvrir les trous avec les doigts. Au niveau du souffle, c’est un très bon instrument pour les enfants car il demande un contrôle du flux de l’air, mais sans force. Le souffle y est très naturel.

Et la suite, après la flûte soprano ?

Rachel Clerc : A partir de dix ou onze ans en principe, on aborde la flûte alto car les doigts sont plus écartés. Elle est plus lourde et demande plus de souffle car l’instrument est plus long.

Marie-Claire Bettens : Même si à partir d’un certain âge, on commence à jouer de la flûte alto, ça ne veut pas dire qu’on ne jouera plus de la flûte soprano, car dans le répertoire, on joue avec toutes les flûtes de la famille ! Pour pouvoir jouer des flûtes plus grandes, il faut une certaine taille de mains, ainsi que le souffle qui va avec. Donc les enfants, qui ont une cage thoracique encore petite, devront attendre de grandir un peu pour pouvoir jouer des flûtes basses.

Peut-on aussi commencer à en jouer à l’âge adulte ?

Rachel Clerc : J’ai plusieurs élèves adultes qui ont commencé à la retraite. Peut-être qu’ils en avaient joué enfants et ils voulaient continuer, ayant déjà des bases. D’autres n’avaient jamais appris à jouer d’un instrument et ont commencé avec la flûte à bec.

L’instrument demande-t-il beaucoup de soin, ou une manipulation particulière ?

Rachel Clerc : Parce qu’il est en bois, c’est un instrument qui est sensible aux changements de températures et d’hydrométrie. Au moins une fois par année, il faut huiler la flûte pour l’entretenir.

Marie-Claire Bettens : Après, il est vrai qu’il existe des qualités très différentes. Forcément, plus le bois est précieux, plus la flûte va demander de l’entretien et plus son coût sera élevé… mais plus le son sera beau aussi ! C’est comme pour tous les instruments, en fait. Mais ce qui est particulier avec la flûte à bec, c’est qu’on peut avoir des instruments de qualité, pour un prix qui reste tout à fait raisonnable.

Pourquoi choisir la flûte à bec ?

Rachel Clerc : Pour la variété de son répertoire. Personnellement, j’ai tout de suite croché avec le répertoire baroque qui me touche beaucoup. Pouvoir jouer en ensemble des œuvres allant de la période médiévale jusqu’à Bach et aux préclassiques, ainsi que les musiques traditionnelles, c’est vraiment génial. De plus, toute cette panoplie de flûtes différentes, avec des sons différents, donne l’impression de jouer d’un tout autre instrument !

Ce n’est pas un instrument qui est « pour le début », ou pour l’école, à considérer comme facile. C’est tout un monde !

Même si on ne joue pas dans un orchestre, on peut jouer de la musique de chambre. De plus, cet instrument permet de découvrir d’autres répertoires, et ouvre la porte sur tout ce qui va autour : l’historique, la période de la Renaissance, du baroque…

Marie-Claire Bettens : Pour moi, c’est la sonorité de cet instrument qui est fascinante. Ce qui est plaisant aussi, c’est le fait de jouer en ensemble. A douze ans, j’avais un disque de Frans Brüggen, un pionnier dans cette étape de redécouverte de la flûte à bec. Quand j’ai écouté ses concertos, je me suis dit : « Un jour j’ai envie de jouer ça ».

J’ajouterais que le répertoire soliste est aussi très important, donc un enfant qui joue de cet instrument va avoir l’opportunité d’être mis en avant et d’occuper une place importante.

Dans quelles pièces la flûte à bec est-elle mise à l’honneur ?

Rachel Clerc et Rachel Clerc (en chœur) : Les concertos de Vivaldi ! (rires)

Rachel Clerc : Non seulement il y a un côté chantant, très expressif, mais également toute une virtuosité, avec ces cavalcades de notes… C’est jubilatoire à écouter, et à jouer ! Sinon, je citerais également les concertos brandebourgeois de J. S. Bach.

Pour découvrir la flûte à bec, écoutez… :

Frans Brüggen, Concerto in C Minor RV 441 de Vivaldi  https://youtu.be/GwtkkHrttaI

Lucie Horsch https://youtu.be/aW4wU6ahpxM

Giovanni Antonini – Brandenburg concerto no. 4 in G major BWV 1049 de Bach : https://www.youtube.com/watch?v=6J7fm12H1HI

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