Sans peut-être le savoir, nous avons tous déjà entendu jouer du basson, cet instrument à vent de la famille des bois, incontournable dans les orchestres… C’est son timbre grave qui incarne le grand-père dans le conte pour enfant Pierre et le Loup de Sergueï Prokofiev. C’est lui aussi qui tient le premier rôle musical dans l’envoûtante mélodie de L’Apprenti Sorcier de Paul Dukas, célébré dans le film Fantasia. Cet instrument, qui ne bénéficie pas de la même médiatisation que le piano ou le violon, gagne pourtant à être connu ! Grâce à l’éclairage de la professeure Laura Ponti, découvrons les secrets du basson.
Jusqu’en 1650, de nombreux instruments coexistent sans porter de noms précis ou appartenir à une famille d’instrument en particulier. La première référence que l’on trouve au basson remonte pourtant à 1602, en Italie, où on l’appelle alors – et aujourd’hui encore – « fagotto ». En français, le mot basson par lequel on le nomme, vient de « bas » ou « basse », en référence sans doute à sa sonorité.
Au 17e siècle, certains de ces instruments atteignent parfois trois mètres de haut, ce qui les rend, on l’imagine, difficile à manipuler et à jouer. C’est là que les facteurs d’instrument de l’époque entrent en jeu : ils ont l’idée de relier deux branches accolées en parallèle à l’aide d’un tuyau afin de diminuer la longueur de l’instrument. Si sa forme ne va plus beaucoup évoluer par la suite, le basson connaîtra encore de nombreuses transformations au niveau de ses clés, notamment au 19e siècle où il évolue considérablement, jusqu’à ressembler à l’instrument que l’on connaît aujourd’hui.
De nos jours, il atteint une hauteur d’environ un mètre trente. Sans être un poids plume, il est possible de le transporter sur son dos. Et heureusement, il existe pour les enfants le fagottino, un basson miniature qui s’adapte à la taille des plus petits et à la morphologie de leurs mains.
Quelles sont les spécificités du basson ?
Laura Ponti : Le basson joue un peu le même rôle dans la famille des vents que le violoncelle dans celle des cordes. C’est celui qui fait la voix grave. Il est dans l’orchestre comme les fondations dans la maison : indispensable ! C’est-à-dire qu’il est la base sur laquelle on construit tout le reste de la musique.
Par sa tessiture, cet instrument mélodique permet de jouer les sons graves, mais aussi de monter très haut dans les aigus.
Autre élément intéressant, il existe de nombreuses pièces écrites pour cet instrument. Ainsi, au 18e siècle, Antonio Vivaldi lui consacre trente-sept concertos ! On peut donc jouer en orchestre et en tant que soliste.
Quelles sont les principales difficultés de cet instrument ?
LP : En tant que bassoniste, on doit en principe construire soi-même son anche double, la partie dans laquelle on souffle et qui produit le son. Donc, il faut être un peu doué pour le bricolage ! rires. Pour les élèves, c’est le professeur qui la leur donne, et il y a toujours un cours ou deux pour leur expliquer comment elle se construit.
De plus, comme c’est un instrument à vent, la respiration est très importante. Mais, forcément, elle ne se « voit » pas. Ce n’est donc pas toujours facile d’expliquer comment respirer correctement car il faut décrire quelque chose qui se passe à l’intérieur de soi. Mais une fois que l'on a compris comment maîtriser son souffle et tenir les notes, la pratique ressemble à une forme de méditation.
Est-ce que c’est un instrument qui demande beaucoup de souffle justement ?
LP : Les gens pensent souvent que puisque c’est un grand instrument, il faut souffler très fort dedans. Alors que ce n’est pas du tout ça ! Ce n’est pas plus difficile que de souffler dans une clarinette. C’est juste que l’air tourne un peu plus longtemps dans l’instrument. Plus le son est grave, plus le tuyau est long.
A quel âge peut-on commencer à jouer du basson ?
LP : Idéalement vers 6-7 ans, mais cela dépend de la taille de l’enfant et de son développement cognitif. Même si on a aujourd’hui le fagottino, il faut quand même pouvoir souffler, et les mains doivent être assez grandes pour boucher les trous. Le fagottino et le basson sont exactement pareils au niveau du doigté, mais les trous sont plus rapprochés sur le premier.
Et au niveau de la dentition, faut-il faire attention ?
LP : Quand on porte un appareil dentaire, cela peut être un peu plus compliqué, mais on y arrive quand même. Le principal est d’avoir envie de jouer de l’instrument !
Est-ce un instrument difficile ?
LP : Pour savoir très bien en jouer, c’est tout aussi difficile que d’apprendre à jouer du violoncelle, de la trompette ou du tuba.
Pourquoi choisir le basson ?
LP : Il faut choisir ce qui nous plaît, ce qui nous parle. C’est important de se rendre compte qu’on a un vaste choix parmi tous les instruments. Malheureusement, le basson fait partie des moins connus.
Pour moi, c’était le destin. À l’époque, je jouais du saxophone, et un jour, en accompagnant une amie hautboïste, j’ai vu un basson et j’ai eu envie de le toucher. Tout est parti de là. Ensuite, j’ai commencé à jouer dans un ensemble avec mes amis d’enfance et je m’amusais incroyablement.
Il est important de mentionner aussi qu’étant un instrument peu connu, le basson est moins pratiqué, et donc très demandé dans les orchestres.
Que conseillez-vous d’écouter en priorité pour découvrir cet instrument ?
LP : Dans le répertoire solo, je pense à la sonate de Camille Saint-Saëns. Comme le basson est un instrument d’orchestre, je conseillerais aussi le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, qui commence avec un solo de basson. Le Concerto de Rossini offre quant à lui un bel exemple de l’instrument comme soliste.
Merci à Laura Ponti pour son éclairage ! Votre enfant est curieux de cet instrument ? Pourquoi ne pas en profiter pour le lui faire découvrir lors des portes ouvertes de l’EML, ou en faisant un cours d’essai avec notre enseignante ?