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Tuesday
23
March
2021

FAIRE DE L’ÉVEIL MUSICAL AVEC SON TOUT-PETIT

Suivre un cours de musique à deux ans… Cette idée vous semble étrange ? Que retiendra un enfant aussi jeune de son cours et à quoi cela pourra-t-il bien lui servir ? Pourtant, à l’Ecole de musique Lausanne, les cours d’éveil musical parent-enfant 12-24 mois et les cours de rythmique parent-enfant (RPE) pour les 2-3 ans et les 3-4 ans connaissent un franc succès. Pour comprendre cet engouement, nous avons interrogé plusieurs parents qui accompagnent leur tout-petit à ces leçons afin d’en saisir les bienfaits.

Quelques mots sur la rythmique

Derrière cette activité ludique, que l’on associe aujourd’hui essentiellement aux enfants, se trouve un projet pédagogique développé au début du 20e siècle par Emile Jaques-Dalcroze. Son objectif était de réconcilier l’expression musicale et l’expression corporelle. Ainsi, en 1898 déjà, le pédagogue suisse écrivait : « Je me prends à rêver d’une éducation musicale dans laquelle le corps jouerait lui-même le rôle d’intermédiaire entre les sons et notre pensée, et deviendrait l’instrument direct de nos sentiments ». Eprouvés auprès des professionnels, les principes de la rythmique seront enseignés dès le plus jeune âge afin d’en faire profiter les tout-petits puisque le corps est leur premier langage.

Un éveil à la musique

Si vous avez un enfant en bas-âge, vous avez sans doute pu constater sa sensibilité aux sons. En effet, le bébé est plus proche du monde de la musique que de celui du langage, étant capable de vocaliser bien avant d’articuler. Cet attrait, chaque enfant l’exprimera d’une manière particulière : en bougeant, dansant, chantonnant, rêvant…

C’est ce qui pousse d’ailleurs de nombreux parents à commencer les cours d’éveil musical ou de rythmique parent-enfant : ils souhaitent faire entrer la musique dans la vie de leur enfant et leur en offrir les bases. « Jonas tapait sur tout ce qu’il pouvait toucher. Il avait cette attirance pour la musique que je trouvais assez nette, mais moi je ne pouvais pas lui apporter ce qu’il demandait », témoigne la mère du petit garçon, âgé aujourd’hui de deux ans et demi.

Un des intérêts du cours, selon elle, est également de pouvoir découvrir des instruments en direct : « D’entendre le piano en vrai, c’est un immense avantage. Le fait qu’il s’adapte aux pas de l’enfant, par exemple, à écouter c’est vraiment génial. ».

Dans ces cours, le professeur cherche à développer chez l’enfant une sensibilité à la musique, grâce au vécu des principales notions musicales (nuances, tempo, timbres, rythmes, etc.), mais aussi à lui faire vivre et ressentir d’autres aspects plus subtils comme la sensation de tonalité, de phrase musicale et de mesure ainsi que le développement de sa voix chantée. Plus l’enfant sera confronté tôt aux divers aspects de la musique, plus il développera son oreille musicale et comprendra le langage des musiciens.

Le père d'Aube, sept ans, qui a suivi le cursus rythmique parent-enfant et est maintenant en 3e année d’initiation musicale, confirme ces apports : « Son intérêt pour la musique devient plus structuré. Elle a une maîtrise du rythme et du chant vraiment dingue. »

Ses premiers pas vers l’autonomie

L’envie de proposer à leur enfant une activité d’éveil, ainsi qu’une première expérience d’apprentissage en collectif, anime également les parents. Ainsi, le père d’Aube et de Salomé, trois ans et demi, nous explique que la rentrée pour ses filles nées au mois d’août semblait loin. Le cours d’initiation a permis ainsi à ses enfants de découvrir un cadre de vie structuré, régit par un adulte extérieur à la famille, et de rencontrer des camarades. « C’est très intéressant de voir son enfant interagir avec une personne tierce. Tout à coup, on le découvre sous un autre angle ». Le rituel de se rendre au cours ensemble pour partager un moment privilégié avec son enfant lui plaît aussi beaucoup : « C’est un point de repère d’activité commune dans la semaine, un petit rendez-vous ».

Jusqu’au cours 2-3 ans, la présence du parent au cours est essentielle pour plusieurs raisons. D’une part, elle aide le tout-petit à se concentrer, de sorte que le professeur peut s’occuper entièrement du côté musical sans se soucier du domaine social, peu développé à cet âge. Elle permet également de créer un moment de complicité avec son enfant afin de favoriser une bonne communication et un lien d’attachement. D’autres part, vers deux ans les enfants sont évidemment rassurés par la présence de leur parent, sans lequel ils ont parfois du mal à marcher. Le professeur va progressivement inviter le tout-petit à être plus autonome en lui proposant par exemple de lâcher la main de son parent, d’aller chercher seul le matériel dans l’armoire, afin qu’il se familiarise avec la séparation et gagne doucement en autonomie. Dès l’âge de trois ans, l’enfant sera amené à faire des activités en alternance avec son parent, à réagir seul à la musique ou à faire une activité avec ses camarades, toujours sous l’œil bienveillant et encourageant des adultes. Dès le cours 3-4 ans, le cours est même accessible sans parent.

Observer l’évolution de son enfant, de semaine en semaine, apporte beaucoup de satisfaction au parent accompagnant. « En quatre mois, l’évolution est fulgurante ! Avant il ne faisait que regarder, alors que maintenant il participe, il se sent plus à l’aise », remarque la grand-mère d’Augustin, deux ans.

De nombreux bienfaits

Le jeu et l’imaginaire sont à la base de toute leçon de rythmique parents-enfants. Différents apprentissages adaptés à l’âge peuvent amener de manière douce et ludique à développer la personnalité de l’enfant. Grâce aux chansons et aux comptines s’appuyant sur un nouveau vocabulaire, le tout-petit développe l’écoute, le langage verbal, social et affectif, travaille sa mémoire, et les gestes employés lui permettent de comprendre de nouveaux concepts. Marcher, courir, galoper et faire des rondes, en lien avec une histoire, permet de développer sa coordination motrice et de s’approprier l’espace, de distinguer son propre espace de celui des autres (enfants, parents), expérience qui va de pair avec l’autonomie de l’enfant.

Ces activités ont pour point commun de développer son imagination et sa créativité, des qualités qui nourrissent sa capacité à résoudre des problèmes de façon originale et développent une souplesse d’esprit. Elles favorisent également la compréhension, la confiance en soi et la motivation.

Un bon départ dans la vie, en musique !

Les raisons pour participer à un cours de rythmique parent-enfant sont multiples. Si les bénéfices sont « musicaux » dans l’accroche, ils vont bien au-delà dans tous les domaines du développement et du lien entre parent et enfant. Les bienfaits qu’en retirent les tout-petits les accompagneront vers l’autonomie. Un enfant en contact avec la musique dès son plus jeune âge aura par ailleurs plus de facilité à s’adapter à son environnement au moment de son entrée à l’école, son écoute, sa concentration et sa curiosité ayant déjà été sollicitées.

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