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Sunday
04
December
2022

LE CHANT : FAIRE ENTENDRE SA VOIX

C’est un instrument que l’on possède tous, unique à chacun, et que l’on peut emmener partout : la voix. Selon les périodes de la vie, elle évolue, et peut, comme un instrument, se travailler. Par des exercices de respiration et d’écoute, elle peut atteindre des notes que l’on n’aurait jamais cru possible. Mais que faire si l’on chante « faux » ? Qu’apprend-t-on lors d’un cours de chant individuel ? Peut-on commencer le chant à n’importe quel âge ? Découvrez dans cet article les petits secrets du plus vieil instrument du monde.

Pour comprendre de quelle manière fonctionne le chant, on peut faire la comparaison avec un violoncelle. Notre corps est la caisse de résonnance dans lequel rentre l’air. Le bois du violoncelle est comme la matière de nos os, et les cordes de l’archet, nos cordes vocales dans notre larynx. Elles se tendent ou se détendent sous l’action complexe de plusieurs muscles, dont les transverses et les obliques. L’air, en passant entre les cordes vocales, les fait vibrer, et cette vibration rentre en résonnance avec la cage thoracique, le pharynx, la cavité buccale ou encore les fosses nasales. Ainsi, chaque voix est unique, puisque les cordes vocales mais aussi le corps de chaque personne sont d’une forme et d’une taille différentes. Mais de nombreux facteurs influencent également la manière de chanter, ainsi que la puissance de la voix.

D’une part, la largeur des cordes vocales évolue avec le temps. Ainsi, à l’adolescence, l’épaississement des cordes vocales des garçons, et des filles dans une moindre mesure, rend leur voix plus grave. Lors de la grossesse, sous l’action des hormones, de la prise de poids et du changement de posture, le timbre de la voix se modifie également. Puis avec la ménopause, les bouleversements hormonaux provoquent à nouveau une évolution dans la voix des femmes qui va baisser.

La voix, un instrument comme un autre

Au-delà de ces changements sur lesquels nous avons peu de prise, il est possible de travailler sa voix. Hélène Pelourdeau, professeure de chant à l’EML, enseigne à ses élèves, enfants et adultes, des techniques pour utiliser son plein potentiel, notamment en adoptant la bonne posture et en créant la tension adéquate dans son corps. « La plupart des gens se mettent en tension quand l’air rentre. Le chant devient alors une détente, un soulagement de l’air que l’on a pris. C’est ce que l’on apprend à inverser dans les cours individuels : on part d’une détente et on se met en tension au moment où on chante. C’est un peu contre-intuitif au départ, mais une fois que l’on a compris ça, ça change tout ! », explique la professeure. Cette capacité à retenir la pression de l’air nécessite une certaine tonicité des muscles profonds. Par des exercices de respiration et d’apnée répétés chaque jour, la résistance à l’expiration augmente et les élèves peuvent « tenir » les sons plus longtemps.  

Malgré cela, que faire si l’on a la sensation de chanter « faux » ? Selon Hélène Pelourdeau, la difficulté à reproduire une note entendue peut être liée à une certaine paresse dans l’écoute. « Il faut entendre le son que l’on veut produire avant de le faire. C’est un travail d’anticipation et de projection qui se construit ». Comprendre comment l’on produit les voyelles et les consonnes, apprendre à coordonner ses oreilles, ses yeux et son corps, et à projeter sa voix, permet de gagner en précision et en justesse.  

Chanter… à n’importe quel âge ?

En raison de la conscience physique nécessaire pour réaliser ces exercices, les enfants trop jeunes risquent de ne pas trouver leur compte dans les cours de chant individuel.  « Cela demande un travail du corps subtil dont ils ne sont pas capables. En revanche, avec les plus jeunes on peut entraîner l’oreille et dans ce cas, le chœur est le choix idéal », explique Hélène Pelourdeau qui recommande en général d’avoir atteint l’âge de douze ans pour commencer les cours individuels. Et les adultes dans tout ça ? Passé la cinquantaine, les habitudes seraient plus ancrées, rendant les changements plus lents… mais loin d’être impossibles !

Sylvie a 56 ans et est passionnée par la musique. Depuis une année et demie, elle chante dans le chœur féminin de l’EML et s’est décidée cet automne à prendre des cours individuels, trente minutes toutes les deux semaines. « C’était une envie de longue date. Lorsque j’ai vu tout ce que l’on apprenait dans le chœur, ça m’a parlé. J’avais toujours chanté instinctivement, mais là j’avais besoin de plus de technique ». Et après quelques cours, les résultats se font déjà ressentir. « J’ai une meilleure compréhension de ce qui se passe et de ce que je peux faire ou ne pas faire. Cela m’aide également à oser aller dans les aigus, ce qui me bloquait auparavant ». Sylvie effectue chaque jour les exercices donnés par sa professeure. Au-delà des progrès motivants qu’elle constate dans sa pratique du chœur, elle confie y trouver un véritable plaisir et des bienfaits inattendus.

« Physiquement, le fait de travailler le souffle m’apporte aussi un bien-être dans ma vie de tous les jours. Les exercices de respiration permettent de faire descendre les pulsations cardiaques et d’être plus calme ». En effet, la posture ouverte et détendue, et les vibrations générées par le chant font du bien à la tête et au corps. En chœur, la résonnance avec la voix des autres, sur une même fréquence, permet également de se sentir connecté. Oser chanter donne aussi un sentiment libérateur qui peut beaucoup apporter aux personnes timides.

S’ouvrir à d’autres répertoires

Le chant « classique » ne fait pas référence à la période classique, mais à une esthétique dans laquelle on peut atteindre trois octaves sur toutes les voyelles. Ainsi, dans un cours de chant individuel, Hélène Pelourdeau aborde des répertoires allant du médiéval au contemporain. « Mes élèves adolescentes m’apportent souvent les chansons contemporaines qu’elles écoutent, mais bien souvent, on a vite fait le tour avec ces mélodies car la plupart ne contiennent que six notes, contre une vingtaine dans un morceau classique ! ». En général, ses élèves ont plaisir à découvrir la sensibilité du répertoire qu’elle leur propose, ainsi que de chanter dans différentes langues : français, italien, allemand, anglais, espagnol, latin, russe…

Les petits conseils d’Hélène Pelourdeau

Pour bien chanter, il faut prendre soin de sa voix. Bien dormir, s’hydrater, être en forme de manière général, et s’abstenir, avant un cours de chant, d’un concert ou d’une audition, de fumer ou de boire trop d’alcool. La professeure encourage également ses élèves à suivre des cours de solfège, afin de pouvoir suivre une partition et de pouvoir anticiper les notes. « La mélodie, c’est la route pour la voix. Comme un skieur qui va réviser sa course avant de la faire, un chanteur doit connaître tous les virages, pour accompagner sa voix avec son corps ». Et pour progresser, Hélène Pelourdeau offre le même conseil que pour n’importe quel instrument. « C’est mieux de pratiquer un peu chaque jour qu’une heure par semaine. Ce qui est pratique, c’est que l’on est tout le temps avec sa voix. L’inconvénient, c’est que si l’on est malade, on ne peut pas aller chez le luthier pour changer ses cordes. Mais pour voyager, c’est extra ! ».

Merci à Hélène Pélourdeau pour ses explications et conseils, et à Sylvie, pour son témoignage ! Votre enfant ou vous-même aimeriez prendre des cours de chant individuels ou chanter dans un chœur ? De nombreuses possibilités existent pour les enfants et les adultes à l’EML. Retrouvez l’offre de cours individuels de chant et la page concernant les chœurs sur notre site.  

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